À travers ton regard
À TRAVERS TON REGARD Par Claudine Rongione À ta naissance, nos regards ne se sont pas croisés. Tu avais besoin d’assistance. Quelques minutes plus tard, nos yeux se sont trouvés pour la première fois, furtivement, rapidement, l’espace de quelques secondes avant qu’on t’emporte loin de moi. Je n’ai pas pu te serrer dans mes bras, faire le peau-à-peau tant espéré, te toucher, te cajoler et entrer en contact avec toi… comme une mère et son enfant. Mais je me suis accroché à ce regard que tu m’as lancé, qui semblait dérouté, curieux et à la fois inquiet. Puis après une période incertaine, tu as enfin entrecroisé mon regard à travers la vitre d’un incubateur. Des yeux flous à travers des tubes. Que regardais-tu? Que voyais-tu? Que comprenais-tu? Mon regard était voilé de tristesse. Le tien, je ne sais trop. Tu semblais si perdu. Le septième jour magique, soit celui où Dieu s’est reposé après avoir créé le monde, je t’ai tenu pour la première fois dans mes bras