RÊVER L'IMAGINAIRE

Il était une fois...

Durant notre enfance, on nous berçait avec les contes de fées à faire rêver la petite fille que j'étais. Était-ce les robes splendides de princesses, les couronnes, les bijoux, le prince... qui nous faisaient tant rêvasser?  Je pense que l'imaginaire ne domine pas la pensée de l'enfant, mais émerge graduellement et lui permet par la suite de s'adapter au monde réel.

L'imagination est la faculté de se représenter ou de former des images à travers l'esprit à partir d'éléments dérivés de perceptions sous une forme sensible, concrète, des êtres, des choses, des situations sans en avoir eu une expérience directe.

Plusieurs psychologues s'entendent pour dire que l'imagination est utilisée dans toutes les circonstances où il faut envisager des alternatives à la réalité.  On s'interroge par exemple sur notre futur, on caresse des projets pour l'avenir et lorsqu'on pense au passé, on peut regretter ou imaginer les façons dont il aurait pu être différent.  Cette capacité à projeter notre cerveau vers ce type de pensées, relève à mon avis du développement de notre imaginaire étant enfant.  Bien sûr, il existe plusieurs concepts reliés à l'imagination dans le contexte de maladie mentale, mais je vais m'attarder plutôt ici au développement normal.

Lorsque j'ai tenu pour la première fois ma fille dans mes bras, j'ai tout de suite su spontanément qu'elle était ma petite princesse.  Toute son enfance, j'ai veillé à développer son côté fantaisiste à travers les livres, histoires, jeux de rôle et films.  La corrélation entre la capacité d'imaginer et l'intelligence est facile à faire.

Selon Jean Piaget, biologiste et psychologue reconnu, l'imagination repose sur la capacité de se dégager, consciemment ou non, du réel pour construire des images inédites, à partir du jeu symbolique du jeune enfant à une fonction mentale supérieure qui s'épanouit avec la pensée rationnelle à l'âge adulte.  On peut alors constater la pertinence d'une intervention éducative dans le développement de l'imagination.

En partant de ces constatations, il  faut se poser les questions quant au type d'imaginaire que l'on veut développer chez notre enfant.  Les contes de princesses pour nos filles sont souvent élaborés sous le même type d'histoire où le rôle de la femme est stéréotypé et celui de l'homme-sauveur est proclamé.

Lorsqu'un jour, ma fille m'a demandé si elle avait reçu sa lettre d'invitation pour l'école de Poudlard (histoire d'Harry Potter pour ceux qui l'ignore...) car elle rêvait d'y entrer, je me suis alors dit qu'il serait difficile de trouver la porte vers ce monde magique dans le métro de Montréal!  Je me suis interrogée à savoir si nous n'avions pas été trop loin avec elle?  Il aurait peut-être fallu être plus réaliste avec elle?

Puis au fil des années, j'ai vu ma petite blanche-neige se transformer en une jeune fille bien intelligente, sensée, capable de réflexion et d'interactions avec les autres.  J'ai même parfois l'impression de voir les sept nains autour de ma fille... elle enseigne comme le prof... elle est timide à l'occasion... elle apporte la joie autour d'elle... et elle garde son petit côté simplet pour s'amuser... Par contre, elle n'a pas développé le côté «ménage» de Cendrillon ni la malveillance de la vilaine sorcière!  Donc on peut facilement conclure que cette influence a des limites!  Je vous parle ici de ma fille, mais pour les garçons c'est semblable.  Leur monde est peuplé de dragons, de chevaliers et de braves hommes qui combattent le mal.

Tout est dans la façon que l'on perçoit les choses!

Chaque personne trouve sa place dans la société.  Il est facile d'imaginer la sorcière qui croise notre chemin avec sa pomme empoisonnée... de partager une discussion avec un roi... de combattre les flammes d'un pseudo dragon... de développer une relation exceptionnelle avec notre fée marraine... de rire avec le fou du roi... ou de rencontrer son prince à une soirée...

La vie quotidienne courante nous accapare tellement, que l'on passe parfois à côté des choses essentielles.  Il faut prendre du temps avec nos enfants ou petits-enfants, car ce sont les adultes de demain.  Et chaque page d'un livre lu avec lui ou chaque déguisement dans un jeu de rôle, seront le reflet de sa perception imaginaire durant sa vie d'adulte.

Parfois, je me surprends encore à me regarder dans le miroir, mais je ne demande jamais à voix haute qui est la plus belle du royaume... j'ai bien trop peur d'entendre la réponse...

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